Atiq RAHIMI

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En exil, où que j'allais pour construire un nouveau toit et subvenir aux miens, tout le monde me disait que j'étais le fils d'un cavalier de Tabâr-e-Khorshid, que la terre de mes ancêtres se nommait Azadestan, qu'on y rencontrait des hommes nourris de poésie et connus pour leur hospitalité.
Ils me procurèrent un cheval et un fusil et m'envoyèrent à la recherche de la terre ancestrale. Je me mis en retour. Mais elle demeura introuvable, cette contrée qu'on appelle Azadestan.
Partout où j'allais, quand je demandais mon chemin on me dirigeait toujours vers ma terre natale. Je rétorquais que je ne cherchais pas mon pays mais la terre de mes ancêtres. Les gens riaient en disant que c'était la même chose.
Et j'erre encore et toujours.
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In esiliu, induva ch'e andessi par custruiscia mi un focu novu è mantena i mei, ugni parsona mi dicìa ch'e eru u fiddolu d'un cavalieri di Tabar-e-Khorshid, chì a tarra di l'antinati si chjamaia Azadestan, chì ci si scuntraìani omini nutriti di puisia è rinnummati pà a so uspitalità.
Mi detini un cavaddu è un fucili, è mi mandetini à ricircà a tarra 'lli maiori. Ma quidda firmò sparsa, a piana à nommu Azadestan.
Ugni parti ch'e andessi, quand'e dumandàiu a strada, m'indicàiani sempri u locu indò ch'e sò natu. Arrispundìu ch'e ùn circàiu micca u me paesu ma a tarra 'lli maiori. L'aienti ridìani, dindu ch'idda era a stess' affari.
Ed eu socu 'n andara, sempri. È più.
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in --- Le Retour Imaginaire --- ed. P.O.L --- 2005

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trad. Stefanu Cesari
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